Les projets de ville du futur ont toujours été au centre de la mégalomanie des grandes entreprises et des hommes puissants de leur époque. On pourrait citer en exemple le parc Epcot qui est l’un des parcs constituant le Disneyland de Floride et imaginé par Walt Disney lui-même. De façon romancée, on retrouve cette idée dans Iron Man 2 et la maquette de la Stark Expo dessinée comme une ville idéale. Google a les mêmes ambitions.
Pourquoi une ville idéale ?
La formation en campus est typiquement américaine. Elle fait partie de la culture et aussi du fantasme de réussite. Pas un film avec de jeunes héros sans un passage sur le campus, pas un film sur les nouvelles technologies sans aussi la démonstration d’un campus fun, cool et autres adjectifs du même style. Les entreprises à l’image des start-ups ont leur propre campus, permettant une culture de l’entre-soi et de la réussite bien plus marquée. C’est pourquoi les entreprises les plus puissantes comme Facebook, Microsoft ou Google vont dans ce sens. Et dans le domaine, Google est en avance sur les autres.
Bienvenue à San Jose, ville du futur
Google est domicilié à Mountain View, Apple à Cupertino, quelque 10 km plus loin. San José est la ville la plus proche de, elle aussi à quelques kilomètres. C’est en plein centre ville de cette dernière que Google va installer Downtown West. Il s’agit d’un campus situé en plein cœur de la ville sur une zone de 323 000 m 2. Google va en être le propriétaire pour transformer, sur une durée de 1 à 2 décennies, cette zone avec des bureaux, commerces, mais surtout 4 000 logements dont 1 000 sociaux. 300 chambres et 800 chambres de type appart’hôtels vont compléter l’ensemble.
Le but, offrir un meilleur contrôle des loyers devenus exorbitants en raison de la présence même d’Apple et de Google ainsi que plus généralement des entreprises de la Silicon Valley. Le projet, qui coûtera près de 500 millions d’euros en termes d’impôts annuels à l’entreprise, sera aussi un moyen de reverdir le centre-ville et de le rendre à nouveau accessible à la population.
Quayside, le projet avorté
Google avait un autre projet, plus ambitieux encore, celui de Quayside. Il s’agissait de réhabiliter une zone, actuellement en friche, de 76 hectares sur le port de Toronto. L’idée était d’en faire un réservoir de logements peu chers. Cela devait être aussi un laboratoire grandeur nature de nouvelles technologies pour Sidewalk Lab de Google. Il y avait des projets d’espaces publics modulables, de pistes cyclables chauffantes, de services de livraison souterrains. Il y a avait surtout l’idée de barder cette zone de capteurs pour aménager la ville en fonction des besoins analysés en temps réel par une intelligence artificielle chargée de la collecte de toutes ces données. Malgré les assurances de Google sur l’anonymat des données, le projet a toujours eu nombre de détracteurs. Les incertitudes économiques liées au confinement du Covid au printemps 2020 ont enterré le projet. Qui ne demande qu’à ressortir au bon moment.